Il y a plus de 3 000 ans, les propriétaires d’éléphants en Asie (cornacs) n’avaient que le bronze pour attacher leur animal. Or ce métal n’est pas très résistant pour retenir un éléphant. Et à cette époque, il était très difficile de se procurer du fer. Ils ont fini par trouver une solution aussi surprenante qu’efficace: attacher l’éléphant dans sa tête !
Impuissance apprise chez l’éléphant
Lorsque l’éléphant était encore tout petit, on l’attachait avec une cordelette dont il ne pouvait pas se détacher. À force d’essayer de se libérer et d’échouer systématiquement, l’éléphanteau se décourageaitcomplètement. Il avait le sentiment que quoiqu’il puisse faire cela ne changerait rien à sa situation. Et cela suffit pour conditionner l’éléphanteau à rester attaché jusqu’à la fin de ses jours… Il grandit avec cette idée: « c’est impossible, n’essaie même pas ».
Voilà comment faire croire à un éléphant de 6 tonnes qu’il ne peut pas se défaire d’une simple corde. Une corde qu’il pourrait pourtant briser en une fraction de seconde.
Cette histoire pourrait nous inviter à nous poser cette question: sommes-nous complètement libres ? Ou à l’image de l’éléphant, nous a-t-on empêchés de vivre de nouvelles expériences parce que l’on a appris que l’on ne pouvait pas le faire, que c’était impossible ? Comment repérer les croyances qui nous limitent et comment les désapprendre ?
L’impuissance apprise, un logiciel malveillant à désinstaller
Ce n’est que dans les années 70 que le psychologue Martin Seligman découvrit ce phénomène. Il a mené cette expérience tristement célèbre consistant à mettre des chiens en cage et à les soumettre à des électrochocs aléatoires. C’est-à-dire que ces chiens n’avaient aucun contrôle pour éviter ces électrochocs. Ils n’avaient d’autres choix que de les subir.
Leur volonté de résister s’est complètement brisée. Au point que même lorsque les cages leur ont été ouvertes pour leur permettre de sortir ils ne bougeaient pas. Ils se sont résignés à rester prisonniers alors qu’ils avaient pourtant la possibilité de mettre fin à leur souffrance et être libres.
La conclusion de cette expérience indique que les traumatismes interdisent l’apprentissage de nouvelles réponses. C’est comme si le sujet a appris qu’il était impuissant du fait de la répétition d’échec. Cette théorie a été appelée “impuissance apprise” (learn helpness). Et tout comme chez l’animal, elle peut être induite chez l’être humain et cela dès l’enfance avec l’école. Ainsi, un enseignant, un parent même, a le pouvoir de faire croire à un enfant qu’il est mauvais, faire croire à un génie qu’il est bête pour le restant de ses jours.
C’est un phénomène peu connu de la plupart des gens et qui pourtant est absolument indispensable pour libérer le fabuleux potentiel qui sommeille en chacun de nous. D’ailleurs Idriss Aberkane en a fait un livre que je recommande fortement tant il regorge d’informations utiles pour comprendre le fonctionnement de notre cerveau. (Titre du livre: Libérez votre cerveau ! Traité de neurosagesse pour changer l’école et la société)
Peut-on vraiment induire l’impuissance apprise chez l’Homme ?
C’est ce qu’a tenté de démontrer Charis Nixon professeur de psychologie comportementale à l’université de Penn. Voici l’expérience qu’elle soumit à ses élèves pour démontrer qu’il est possible de provoquer le sentiment d’impuissance acquise.
Expérience des anagrammes
Elle distribua 3 anagrammes classées par ordre de difficultés croissantes à ses élèves. Lorsque les élèves trouvent la bonne réponse Charis Nixon leur demande de lever la main. Mais ce qu’ils ne savent pas c’est qu’une partie de la classe a été piégée. Les deux premières anagrammes qui leur ont été distribuées sont impossibles à trouver. Lorsque la moitié de la classe lève la main pour la première anagramme, les élèves piégés affichent une mine dépitée.
Pour la seconde anagramme, il se produit la même chose. Les élèves piégés se découragent encore plus. Parmi eux, Joey et Chealse. Pour la troisième cette fois tout le monde a la même. Elle est certes un peu plus difficile à trouver que les deux premières, néanmoins il est possible de la trouver. Finalement, seuls quelques élèves lèvent la main. Mais la grande majorité des élèves piégés n’ont pas trouvé la dernière anagramme qui était pourtant à leur niveau.
Mais que s’est-il passé pour la troisième anagramme ? Alors que les élèves qui ont réussi ne sont pas particulièrement plus intelligents que ceux qui ont échoué ? À la fin de l’expérience Nixon demanda aux élèves piégés comment ils se sentaient lorsqu’ils voyaient leur camarade lever la main. Joey répondit qu’il se sentait stupide, Chealse quant a elle exprima sa frustration.
L’impuissance apprise a été induite chez ces élèves, après un premier échec, puis un second et en ayant le sentiment qu’ils n’avaient absolument aucun contrôle sur la situation. Ils se sentirent résignés et se sont convaincus qu’il leur serait impossible de trouver la troisième anagramme. Ils ont raté les deux premières alors que la moitié de la classe à réussit, pourquoi réussiraient-ils la dernière ?
3 conséquences directes de l’impuissance apprise
Difficulté à faire le lien entre actions et conséquences: » c’est impossible, ça ne sert à rien d’agir, c’est comme ça et c’est tout «
Démotivation: » pourquoi essayer alors que ça ne sert à rien ? «
Déprime et frustration entraînant une baisse de l’estime de soi
L’antidote à l’impuissance apprise
À l’image d’un smartphone, nous avons des app dans notre cerveau, mais à la différence de notre smartphone nous ne savons pas lesquelles sont installées. Pour être complètement libre, il est indispensable de savoir quelle app installer et laquelle désinstaller de notre cerveau.
Pour cela, il est primordial d’adopter un « état d’esprit de croissance » comme l’a nommé Carole Dweck. C’est-à-dire la croyance que l’on peut progresser en fournissant des efforts. Que rien n’est figé et que l’on peut changer si on le souhaite. Ensuite, il faut aller à la recherche des petites victoires. La multiplication de victoire, d’atteinte d’objectif avec succès renforce notre estime de soi. Mais il y a une condition, il est indispensable de comprendre pourquoi l’on a réussi. Par ailleurs pour avoir des petites victoires il est important de choisir des challenges ni trop faciles ni trop difficiles afin d’apprendre et progresser.
Enfin, la première chose à faire pour désinstaller l’impuissance apprise de notre cerveau est de s’autoriser à réussir. Cela commence par la modification de notre dialogue intérieur. Ainsi il est important de remplacer « J’en suis pas capable » par « je suis capable« , « c’est impossible » par « c’est possible » ou encore « je ne le mérite pas » par je le mérite« . Et à chaque fois qu’une difficulté est rencontrée se dire « Je suis en train de devenir un expert.
Cet article participe à l’événement inter-blogueurs sur “l’indépendance” du blog Voyage en roue libre. C’est un super blog qui donne envie de voyager, avec cet article par exemple
Merci pour ce voyage qui donne de l’espoir et des solutions pour rompre avec la fatalité 😉
J’ai partagé aussi quelques unes de ces pépites dans mon ebook c’est tellement essentiel pour avancer. Réussir c’est agir en s’inspirant de conseils comme les tiens 😉